Camille Houssais
Tabac & Grossesse

Novembre est le mois sans tabac !
C'est la 5ème édition du #moissanstabac lancé par Santé Publique France : l'occasion pour nous de revenir sur les conséquences du tabagisme chez la femme enceinte et sur le bébé. En France c'est encore 16,5% des femmes enceintes qui fument quotidiennement au 3ème trimestre et en presque 10 ans il n’y a pas eu de réduction de ce chiffre.
C'est un véritable défi de Santé publique car les risques sur la santé de bébé sont réels et résonnent ... à très long terme !
Pourquoi est-ce si important d'arrêter ?
Ce qu’il faut savoir sur le tabac

La nicotine est la substance qui provoque l’addiction, mais il y a dans une cigarette plus de 2.500 composés chimiques et en fumant plus de 4.000 substances sont inhalées.
Le phénomène le plus toxique est la combustion (= le chauffage du tabac) qui est responsable notamment de la production de monoxyde de carbone qui a une affinité plus grande que l’oxygène et se fixe donc préférentiellement à l’hémoglobine. Cela signifie que le sang transporte du monoxyde de carbone à la place de l’oxygène. Ceci entraine un manque d’oxygénation des organes de la mère et du fœtus, en pleine construction.
De plus, le tabac fait parti des redoutables perturbateurs endocriniens dont on doit absolument se méfier lors d'une grossesse.
& le tabagisme passif ?
Le tabagisme passif (=être en compagnie de quelqu’un qui fume alors que vous ne fumez pas), est aussi dangereux que le tabagisme actif.
Si vous vivez avec un fumeur, bien sûr l’idéal est qu’il s’arrête mais dans l’attente, il peut déjà fumer à l’extérieur, et lorsqu’il rentre à l’intérieur il doit bien se laver les mains. Le mieux serait qu’il change également de vêtements (car les substances toxiques restent sur les mains et les habits). Et penser à bien aérer la maison au moins 2 fois par jour même en hiver.
Quel est le risque de fumer lorsqu’on est enceinte ?
Avant tout pour vous ! Pour rappel tout fumeur a un plus fort risque de cancer, de maladie cardio-vasculaire et de broncho-pneumopathie chronique obstructive.
Fumer lorsqu’on est enceinte comporte aussi des risques :
- Pour la grossesse et l’accouchement :
Risque plus élevé de fausse couche, de grossesse extra-utérine, d’accouchement prématuré et de mort in utéro au 3ème trimestre ;
- Pour le bébé à naître :
Risque de retard de croissance dû à l'apport en oxygène moindre (donc un bébé plus petit avec un périmètre crânien plus petit)
Risque de réactions inflammatoires ou allergiques plus importante
Risque de coliques deux fois plus fréquentes chez un bébé dont la mère fume.
- Pour l'enfant en devenir :
L’enfant aura toute sa vie une sensibilité plus forte à la nicotine et sera plus à risque de développer des pathologies respiratoires (rhinite, laryngite, bronchiolite, asthme etc).
L'enfant a plus de risques de développer un TDA/H, de moins bonnes fonctions exécutives à l'âge de 8 ans, des troubles du comportement, des troubles émotionnels :
Selon l'INSERM : “L’exposition à la FTA (= fumée de tabac ambiante) dans la période postnatale, seule ou en association avec l’exposition pendant la grossesse, augmente le risque de troubles du comportement chez les enfants à l’école primaire” et "est associée à une augmentation des troubles émotionnels détectés plus tard chez les enfants" .
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Les autres impacts du tabac : la baisse de la fertilité
Qui dit tabac dit infertilité. En effet fumer lorsqu’on a un projet de bébé rend sa concrétisation plus difficile chez certains couples puisque le tabac a un impact sur les gamètes (des femmes fumeuses & des hommes fumeurs), et donc sur la fertilité...
Les solutions pour arrêter de fumer

Vous comprenez maintenant pourquoi il est important d'encourager et de soutenir les femmes enceintes vers l’arrêt total du tabac.
Heureusement il existe plusieurs solutions :
"L’addiction, face à laquelle nous sommes inégaux, est une véritable maladie pour laquelle il existe une prise en charge, au même titre que pour d’autres pathologies (comme un diabète gestationnel par exemple). N’hésitez donc pas à en parler au professionnel qui suit votre grossesse, il saura vous aider" selon Gaëlle Dreveau, sage-femme et chargée du projet CRAG (Centre Ressources Addictions et Grossesse).
Il existe plusieurs méthodes comme l’acupuncture, l’hypnose, des thérapies, des groupes de parole mais aussi des solutions médicamenteuses comme les TNS (=Traitements Nicotiniques de Substitution remboursés à 100% par l’assurance maladie pour les femmes enceintes avec ordonnance ainsi que par les mutuelles), le patch, les gommes à mâcher...
Discutez-en avec le professionnel de santé qui vous suit pour aborder la méthode qui fonctionnera le mieux pour vous !
Le plus tôt sera le mieux !
& il n’est jamais trop tard pour arrêter, et vous n’êtes pas seule. De nombreux dispositifs sont déployés pour vous aider, parlez-en à votre médecin traitant ou à votre sage-femme. Vous pouvez également appeler le 3989 ou aller sur le site www.tabac-info-service.fr ou sur la page Facebook https://www.facebook.com/tabacinfoservice
On entend parfois qu’il vaut mieux réduire sa consommation pour être moins stressée que d'arrêter complètement. Ces propos malheureusement parfois viennent des gynécologues eux-mêmes ... Mais c’est une fausse solution car en réalité lorsqu’un fumeur fume moins, il « tire » davantage sur la cigarette, et du coup l’impact toxique est le même pour le fœtus malgré une consommation réduite.
Le vapotage est également déconseillé par l'OMS car nous n’avons pas assez de recul pour évaluer les impacts sur le fœtus :
Si tout de fois la femme enceinte l'utilise, "il faut déconseiller le voltage maximal (production de toxiques), éviter de vapoter avec un réservoir vide (production de toxique), conseiller les normes afnor (ne pas acheter les E-liquides sur internet), et alerter sur la présence d'alcool dans certaines recharges."
Conclusion
On sait que le tabac est mauvais pour la santé mais il fait particulièrement mauvais ménage avec la grossesse, l'accouchement et a des réelles répercussions sur la santé de bébé et ce sur du long terme.
Si vous êtes enceinte et fumeuse, il n'est jamais trop tard pour arrêter ! Il est difficile d'arrêter mais vous n’êtes pas seules, faites-vous aider, des solutions existent, parlez-en à votre médecin ou votre sage-femme, ne culpabilisez pas car ce n’est pas qu’une question de volonté.
Bibliographie :